La solitude, une ancienne amie.

13:06 Gladwood 21 Comments

La solitude, vaste sujet... Pendant des années, j'ai cohabité avec elle, je l'ai même chéris, entretenue, elle était devenue mon alliée. J'étais tellement dans un tourbillon de choses à faire, personnes à voir... Surtout les deux années entre la fin du blog et mon militantisme, bénévolat, mes journées n'étaient pas assez longues, j'étais partout, tout le temps. Devoir être sociable, faire la conversation, ça m'a toujours demandé de gros efforts. Alors les journées chez moi, seule avec mes chats, elles étaient réellement nécessaires pour que je me recharge, finalement. Et je n'avais aucun problème avec ça. Mon entourage le savait très bien, ce n'était donc pas un souci. Je n’ai jamais aimé que mon téléphone sonne, ou qu'on débarque chez moi sans me prévenir, justement pour ça. (Et ça, c'est toujours d'actualité d'ailleurs)

La solitude, l'isolement

Et puis, je suis tombée malade. Et je ne le savais pas, mais avec la maladie vient la solitude. Ça je n'étais pas prête. Parce que ce n'est plus la solitude réparatrice, réconfortante que j'avais toujours connue. Celle que je choisissais. Là c'est devenu  un effet secondaire et indésirable, dans un quotidien déjà assez difficile. Et, comme je suis de celles que les gens cassent dans la catégorie "femme forte", personne ne semble réellement comprendre le poids de cet isolement. Isolement, c'est le bon mot, vraiment. Pourtant, vous êtes nombreux à reconnaître que les confinements étaient difficiles. Que ça a fait mal à beaucoup de monde. Mon confinement à moi, il n'a jamais pris fin. Depuis 2020, je suis chez moi. Mes sorties en 3 ans, je peux en faire le décompte sur mes 10 doigts.Mais, comme je ne suis pas effondrée, "ça va." Pourtant, moi, je le sais que ça ne va pas. Je le ressens au plus profond de moi.
Je n'aurais jamais cru, que la solitude deviendrait une traître. Une punition. Et pourtant, je la déteste autant qu'elle me rassure. Je n'ai pas connu le monde pendant, ni après covid. Et depuis mes fenêtres sur le monde extérieur, la tension permanente me fait peur. Je suis finalement, presque rassurée de ne pas affronter la folie et la bêtise des gens au quotidien. Mais finalement, le monde est-il si violent ? Ou est-ce juste une mauvaise interprétation depuis ma fenêtre ?  

La maladie a fait un premier gros tris dans notre entourage. (Oui, j'inclus mon Géant, car lui aussi a souffert du manque de soutien durant le pire de ma maladie. Et je suis encore très en colère après ces personnes qui n'ont pas pris une minute de leur temps pour savoir comment LUI le vivait.) Quelques jours avant ma première hospitalisation, j'étais très prise, car c'était un week-end militant, sur deux jours. C'était assez récurrent, dans ma vie d'avant. Tous ces gens qui se disaient préoccupés  de ma santé lorsqu'il fallait que je gère les collages d'affiches, l'orga d'une manif, ils ne l'étaient plus dès que j'ai franchi les portes de l'hôpital. (Sauf une. Celle qui est aujourd'hui, une vraie amie, appelons là "ma copine sur roulettes".) Et puis, les mois passent. J'ai reçu quelques messages, mais les "Tu vas mieux ?" étaient intéressés. Et comme je ne pouvais plus répondre "Oui, je vais le faire", il n'y avait plus de messages. Plus que le silence. Aujourd'hui, je ne suis plus en colère pour ça. J'étais, un levier d'action dans la cause animale locale. J'étais celle qui répondait oui à tout, pour tout le monde. J'étais leur couteau suisse. Et quand le couteau ne coupe plus, on en change.


Le plus douloureux, décevant, c'est ceux que j'aimais. Les personnes que j'estimais, à qui j'accordais du temps, quoi qu'il arrive. Quand eux, n'ont jamais franchi le seuil de ma porte, malgré mes invitations, pendant un ou deux ans... Et qu'après avoir autant brillé d'absence, ils reviennent, peut-être par politesse, peut-être par réelle envie... Je réponds non merci. Et, là encore, c'est sans méchanceté. C'est juste que mon isolement est pénible, mais il m'a rendue inapte à faire semblant. J'ai plus la force de faire des efforts, de mettre mon masque de "Je vais bien", alors que je verrais dans leur regard, ma maladie. Parce que la solitude, l'isolement est difficile, mais le regard des autres est assassin. Surtout quand, les gens se souviennent de toi avant maladie. Le choc doit être assez important et même si les gens essaient d'être discrets, polis, nous voyons bien votre regard qui change. C'est humain, très certainement, mais je n'ai pas envie de le vivre, ne m'en voulez pas. C'est trop tard. 

Alors voilà. Mars 2023 est fini et il emporte avec lui un triste anniversaire. 3 ans de maladie. Une maladie non reconnue, sans recherches ni traitements qui bat des records d'indifférence. Foutu covid long ! (Mais, je ne suis toujours pas prête à écrire dessus.)

3 ans à domicile. Des journées longues et souvent dans la douleur. Tout comme mes nuits, puisque mes douleurs m'empêchent de dormir. 3 ans sans même pouvoir faire des courses. 3 ans où mes seuls compagnons sont mes chats. Ils sont devenus hypers bavards, d'ailleurs. Oups. Généralement, on reçoit le copain barbu et copine vieille à chat une à deux fois tous les 15 jours. (Oui, toujours présents et ces surnoms sont restés depuis l'époque du blog !) Et voilà, c'est ma seule fenêtre ouverte sur autre chose que mon quotidien. Imaginez vous n'avoir aucune interaction sociale ? Je suis un peu comme les personnes âgées. Si le facteur ne passe pas à la porte, je ne vois personne... (En dehors de mon Géant oui.) En fait, je réalise que c'est même pire. Les petits vieux, ils font leurs courses, ou reçoivent leur aide à domicile.... VDM

Les chats, des compagnons de vie, des compagnons dans la solitude

Et bien que je gère assez bien le poids de cet isolement (après tout, je ne suis pas encore folle, je ne me suis pas fait un Wilson) j'essaie de ne pas m'imaginer ressortir, reconduire... Par peur que ça ne soit jamais plus possible et que cette idée me soit insurmontable. J'essaie, chaque jour de trouver une occupation, des projets car avoir un but le matin en me levant, autre que survivre à mes douleurs, j'entends, ça me manque.

Je ne sais pas ou je voulais en venir avec cet article, je me suis égarée dans mon brouillard cérébral. C'était l'histoire, d'une amie devenue ennemie. L'histoire montre à quelle vitesse on se retrouve seule, bien que très entourée de base. La quantité n'a jamais fait la qualité, je le savais.

Alors, entourez vous bien, vraiment bien !
C'est dans les pires moments de vos vies, que vous trouverez les gens importants.

21 commentaires:

  1. Je disais tout à l'heure à des copines sur les réseaux que je n'allais voir personne pendant deux semaines... et que cette pensée me bouffait... alors 3 ans... je n'imagine pas. Je lis cet article après avoir vu ta story... que le concernés s'arrangent avec leur conscience.

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    1. Heureusement j'ai mon monsieur. Je pense que sans lui le soir pour parler, sans mes chats je serais devenue folle ! Et sans les réseaux aussi, car nos échanges en vocal, ça compte beaucoup aussi !

      Rapport à ma storie : la meuf c'est quand même très égocentrique pour prendre pour elle un truc qui concerne 30 personnes 🤣

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  2. Toujours présente ma Belle pour vous ! 😘😘
    La vieille à chats !

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  3. J'aime bien des moments de solitude pour ne ressourcer mais 3 ans à être isolée, je comprends à quel point ce doit être difficile à vivre, surtout avec la douleur et tout. Je compatis de tout coeur.

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    1. Je crois qu'il est assez normal d'apprécier des moments de solitude. Tant que nous avons le contrôle dessus, en tout cas 😅C'est quant on a plus le choix que ça devient difficile oui. Mais, il faut faire avec !

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  4. C'est clairement dans l'adversité qu'on voit sur qui on peut compter. Quand à la solitude, je ne l'ai pas connue depuis longtemps entre l'homme et les enfants. Mais au fil des années, j'ai de moins en moins d'amis. Et ça n'est pas toujours très simple à vivre pour moi l'hypersociable...

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    1. J'avais souvent entendu dire "Quand tu deviens parent, tu perds des amis les gens s'éloignent" et ça ce confirme au vu de ton expérience. Enfin, je ne pense pas que ce soit uniquement le fait d'avoir des enfants. Je crois que c'est une cause à effet de la vie, du temps qui passe de notre évolution, maturité ! On a perdu beaucoup de monde nous aussi mais nous n'avons pas d'enfants. Juste une vie de couple...

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    2. J'avais souvent entendu dire "Quand tu deviens parent, tu perds des amis les gens s'éloignent" et ça ce confirme au vu de ton expérience. Enfin, je ne pense pas que ce soit uniquement le fait d'avoir des enfants. Je crois que c'est une cause à effet de la vie, du temps qui passe de notre évolution, maturité ! On a perdu beaucoup de monde nous aussi mais nous n'avons pas d'enfants. Juste une vie de couple...

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  5. C'est dans les moments difficiles que l'on se rend compte des personne sur qui l'on peut compter...ou pas. Moi je pars du principe de ne rien attendre de personne. Au moins, je ne sujis jamais déçue.

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    1. J'ai toujours eu cette même philosophie pour le coup. Mais dans mon cas, je pense que c'est vraiment l'isolement, l'enferment qui est difficile.

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  6. Sacré article et tellement d'accord avec toi: mieux vaut peu d'amis mais de qualité, qu'une palanquée qui s’effrite et disparait au moindre souci comme pour les grandes difficultés que tu partages... Prends soin de toi & j'espère sincèrement que des traitements seront trouvés pour te soulager !!

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    1. J'estime être chanceuse d'avoir une vie mouvementée avant maladie, quand je vois des enfants avoir les mêmes soucis que moi, sans avoir eux le temps de vivre pleinement, c'est doublement injuste !

      Et oui, même si peu sont encore présents, c'est finalement les meilleurs qui restent, même des gens que je ne connais que d'internet ! Merci pour tes encouragements ❤️

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  7. Un article qui chamboule ! Je peux "comprendre" cette solitude. J'ai la sclérose en plaques (diagnostiquée en 2021) avec une hospitalisation pendant le confinement avec une interdiction de voir qui que ce soit... 3 ans, je ne peux qu'imaginer ce que tu ressens. Bon courage !

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    1. Ca devait être terrible d'être en isolement a l'hôpital ! Pour ma part, j'ai forcée ma sortie quelques jours avant le confinement ! Je le pouvais, car ils ne faisaient rien pour moi, ne sachant pas ce que j'avais, je ne vivais pas bien cette hospitalisation, alors seule la bas, pour une période incertaine, seule, sans visites... Chapeau !
      Bon courage a toi également !

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  8. Un billet d'humeur intéressant, pour ma part j'ai cessé de croire en l'amitié IRL, et même sur le net je me méfie de tout et de tout le monde depuis que l'on m'a clairement abandonné suite à la mort de ma mère. Malade je le suis aussi, mais ça ne se voit pas, si bien que l'on m'a beaucoup traité de fainéante et aujourd'hui je m'en fout... Ce cocon qu'est ma maison me plaît, et me rassure, j'aime être seule avec mes chats. Bon seule, je ne le suis pas tant que ça comme j'ai un mari et un ado, mais la réalité c'est que quand il est en cours et le mari au travail, et bien il n'y a que avec mes boules de poile que j'ai de l'interaction et comme tu le dis si justement "le facteur".
    J'espère que tu pourras un jour "revivre". Bon courage.

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    1. Je donne difficilement ma confiance et mon amitié, depuis toujours. C'est donc d'autant plus décevant que des proches agissent ainsi, c'est double punition, malheureusement ! Bien que j'apprécie ma maison car comme toi, je m'y trouve en securité, j'aimerai pouvoir aussi sortir un peu, me changer les idées !

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  9. Bonsoir malheureusement quand la maladie, le chômage etc touche quelqu'un, les gens ont peur de l'attraper même si ce n'est pas contagieux. Et finalement même dans la famille et amis tu sais qui est vraiment là pour toi ou pour les apparences.

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    1. Oui et les gens se disent tres certainement que je suis une feignasse, je me suis faite a l'idée des jugements de valeurs que les gens ont selon si tu as un travail ou non... C'est des réactions idiotes, mais je pense que je commence a faire la deuil de tout ca, heureusement !

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  10. c'est vraiment de la merde le covid long. je suis désolée pour toi et pour tout ce que tu traverses

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  11. Coucou,
    Ton article me touche beaucoup, c'est malheureux mais c'est dans les épreuves qu'on reconnaît ses vrais amis et ceux qui sont là. En tout cas, tu peux m'envoyer un mail ou un message si tu le souhaites :)

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