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Fleuriste : ce qui me manque.


Vous le savez, ou non, je ne suis plus fleuriste. J'avais écrit un article, il y a quelques mois, en rentrant d'un Ã©nième entretien qui n'avait abouti sur rien... J'étais découragée, déçue, triste. J'avais dit que j'abandonnais là. En a réalité, non. Je guettais toujours s'il y avait des offres, mais dans ma région en tout cas, le métier de fleuriste souffre. Alors, rien... Toujours rien. Encore rien. Bref, pour moi finalement le hasard a bien fait les choses. Je ne pensais pas retrouver un métier, dans lequel je me plais autre que la fleur et pourtant, j'ai réussi... J'aime beaucoup mon nouveau boulot, mais je me rends compte, avec du recul, que j'ai vraiment trop, trop d'amour pour les fleurs. C'est mon premier amour, c'est plus fort que moi. Je suis, une "ex-fleuriste"... Et vous savez quoi ? C'est dur de dire au revoir à son métier. 

Ouvrir la porte de la boutique, avoir le parfum mélangé des fleurs à la vente dans les narines. D'ailleurs, j'en ai pas assez profité. Quand on vit dedans, on ne fait plus vraiment attention. C'est un parfum habituel, aujourd'hui c'est occasionnel et ça me manque. Sortir mes pots, mes caisses, faire un joli étalage, maudire tel ou tel pot, définitivement trop lourd, ça aussi, ça me manque. Les vases d'eau sale, ça me manque pas vraiment. Quoi que, c'était marrant, finalement... Les commandes avec des messages farfelus me manquent aussi. Clients, vous avez égayé mes journées si souvent ! L'odeur de la fleur, de la terre sur moi en rentrant, les couleurs, les variétés, les vases... Le moindre petit détail de la vie en boutique me manque. Je ne pensais pas dire un jour qu'avoir des crevasses, des ongles noirs tout le temps me manquerait... Aujourd'hui j'ai les ongles vernis, propres et les mains toutes douces, c'est d'une tristesse...


Ne pas toucher, manipuler les fleurs me manque. Terriblement. Même l'arrivage des roses pour la Saint-Valentin, ça me manque. Pourtant, il y en a beaucoup, beaucoup... Pis pas des petites épines, hein. Avoir les mains froides et humides, faire mon bouquet, une compo... La création est une grosse partie de notre métier et ne plus en faire est vraiment pénible pour moi. Je m'en doutais que ça serait dur, mais pas autant. Résultat ? J'ai 50 idées différentes de travaux manuels et j’arrête pas d'en trouver des nouveaux. (Le Géant n'en peut plus, oui...) Je tente, comme je peux de compenser cet aspect créatif & manuel que je ne retrouve pas dans mon nouveau métier. Sans succès. L'aspect "vente" du métier ne me manque pas vraiment. J'aime les fleurs, pas les gens. J'étais bonne en vente, parce que je ne suis pas non plus une sauvage, mais au bout de quelques réflexions à la con de certains clients, on pouvait voir que j'étais prête à bondir. Alors, non, ça ne me manque absolument pas de servir "Mme-je-fais-de-l'art-floral-une-fois-par-mois-alors-je-pense-être-fleuriste" non, elles me manquent pas du tout celles-là ! Par contre, certaines de mes anciennes clientes régulières me manquent... Je repense à cette petite dame, toujours très coquette qui venait très souvent pour fleurir sa maison. Et je suis triste, parce que je n'ai même pas pu finir son projet... Et je préfère ne pas savoir ce qu'on lui a dit sur moi quand elle a dû voir que je n'y travaillais plus.... D'ailleurs, j'ai appris la liquidation judiciaire de mon ancienne entreprise et ça m'a fait de la peine, un peu. J'espère vraiment qu'une fleuriste reprendra ce magasin, il avait beaucoup de potentiel ! 


Il y autre chose qui me manque beaucoup, alors que je n'y avais jamais pensé. C'est le fait de ne pas être debout, toute la journée, ne plus courir à droite & à gauche. Community manager, c'est de l'ordinateur, en grande partie, même si dans les mois à venir, je vais courir partout pour couvrir des festivals & autres événements, la plupart du temps c'est ordi - bureau. La vie de fleuriste, toujours dans le speed pour les commandes, livraisons, mariages ou autres, ça me manque. Ne pas avoir le temps de manger assis. Mettre un sandwich entre tes fleurs et ton pistolet à colle. J'ai toujours eu des métiers "physiquement fatigants" la pâtisserie, les fleurs... Aujourd'hui, je me dis que je vais chopper des escarres Ã  Ãªtre tout le temps assise... Non ? Ou des kilos, Ã§a c'est inévitable ! 
J'ai l'impression de ne plus être active du coup. Pour la première fois, je rentre du boulot et je comprends qu'il y a une autre fatigue que la fatigue physique. Celle du cerveau. Je prends tellement d'infos à la minute... Avant c'était mon corps, mes muscles, maintenant c'est mon cerveau. 

Je crois que je ne pourrais pas faire toute ma vie professionnelle loin des fleurs. Il faut que je trouve un moyen pour avoir toujours un peu de fleur dans ma vie. Si un gentil fleuriste passe ici, pitié, laissez- moi jouer de la serpette un peu. Un tout petit peu. Je suis en manque.

Fleuriste un jour, fleuriste toujours ?
& vous, avez connu ce genre de sentiment après un changement de travail ?